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FR FEAR EATS THE SOUL

400 x 300 cm

Durant 2018, un nouveau type d’autocollants est apparu dans les rues de Belgrade. C’était des autocollants aux motifs sombres et troublants, avec des messages également troublants. Nous y voyons une évaluation profonde de notre société dont nous avions besoin. La curiosité est qu’il s’agissait en fait de « publicités ratées » devenues des œuvres d’art réussies. Molly Child a ouvert son salon de tatouage et a voulu en faire la publicité au moyen d’autocollants. Mais, au lieu de la promotion attendue, il a produit de petites œuvres d’art. Étant donné que c’est un artiste plasticien, qu’il s’est depuis toujours intéressé aux techniques graphiques, aux tatouages et aux autocollants, il était convaincu qu’il était possible d’unir toutes les techniques et tous les styles dans une expression artistique unique. Vu que les autocollants ont un potentiel illimité d’interaction avec une large gamme de publics dans le temps et l’espace réels, ils sont devenus son moyen d’expression préféré. Nous voyons ici une tête humaine perchée sur les pieds d’une araignée avec le message « La peur dévore l’âme ». C’est le titre du film allemand culte (titre en français : « Tous les autres s’appellent Ali ») de 1974 sur l’anxiété sociale et les conséquences de la peur collective de l’inconnu. Nous avons aussi vu l’autocollant avec sur lequel on retrouve Allen Ginsberg : « Suis ton clair de lune intérieur : ne dissimule pas ta folie ». La majorité de ces autocollants a vite disparu des rues : les passants les aimaient tant qu’ils les enlevaient pour les garder.

TAKE 3

Rien ne peut remplacer l’observation des graffitis et du street art dans le monde réel, cependant, il est devenu manifeste durant ces dernières années que les nouvelles technologies sont en mesure d’apporter une nouvelle dimension à ces formes artistiques. Déjà vers la fin des années 1990, la culture graffiti s’est rendu compte du potentiel d’internet pour se mettre en réseau et pour affirmer sa domination dans le milieu urbain. Une des pages web pionnières, ArtCrimes.com, servait de galerie qui présentait les ouvrages du monde entier. Au début, donc, c’est la culture qui a reconnu le potentiel de ce qu’une révolution numérique pourrait offrir. À partir des années 2000 et avec l’essor du street art, il est devenu évident qu’en plus du street art et de la culture graffiti, qui ont un besoin naturel de documenter et partager l’art trouvé dans les rues, ceci est devenu l’activité préférée des utilisateurs des réseaux sociaux. En plus des chats, de la nourriture et des selfies, partager des photographies de graffitis est devenu extrêmement populaire. En dehors des interprétations des psychologues et des sociologues de ce phénomène, cela nous montre clairement une chose : les gens voient les graffitis et le street art et y prennent plaisir. Cette exposition nous permet d’explorer le contenu numérique et une sélection des œuvres d’art les plus populaires parmi les internautes. Vous vous demandez peut-être pourquoi cette sélection serait pertinente pour le monde artistique et ce que cette approche curatoriale pourrait apporter aux visiteurs. La réponse est simple : nous voulons vérifier si le public ne choisit au hasard que de « belles » choses ou si des processus importants ont lieu lors de ce choix. Pour cette raison nous avons choisi les photographies ayant le plus grand nombre de vues et de likes sur les réseaux sociaux de notre organisation et nous les avons organisées en groupes afin de leur donner un contexte et de les analyser de la façon la plus adéquate possible. Les résultats seront clairs à la fin de cette présentation virtuelle. Alors, allez de niveau en niveau goûter les « potions de sagesse » de chaque étape et vous atteindrez « la connaissance ultime ». Profitez ! La commissaire d’exposition Ljiljana Radošević.

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